Loi 2 : une menace pour l’accès aux soins de santé dans la Vallée-de-la-Gatineau

Gracefield, le 26 novembre 2025 – La Loi 2 sur la rémunération des médecins suscite de vives réactions à travers le Québec. Toutefois, au-delà du débat entre le gouvernement et le corps médical, cette réforme aura des impacts majeurs pour les régions rurales et éloignées, dont la Vallée-de-la-Gatineau, déjà confrontée à une pénurie critique de médecins.

« Notre MRC manque déjà cruellement de médecins, et il est difficile d’en attirer de nouveaux. Nous croyons que la nouvelle loi rendra ce défi presque insurmontable », souligne Michel Gauthier, porte-parole de la Fondation Santé Vallée-de-la-Gatineau.

Une région à risque : fermetures possibles et patients orphelins

Les exigences imposées par la Loi 2 pourraient empêcher plusieurs médecins urbains — qui viennent présentement prêter main-forte à Maniwaki, notamment à l’urgence — de poursuivre leurs déplacements. Ces médecins parcourent la route 105 uniquement par dévouement. Or, puisque Gatineau subit déjà une perte de médecins en raison de la réforme, la capacité de partager des ressources avec notre région risque de s’effriter davantage.

À cela s’ajoutent deux conséquences majeures pour le territoire :

  • La possible fermeture d’une clinique médicale à Grand-Remous, directement liée aux impacts de la Loi 2.
  • Près de 1 400 patients ont déjà perdu leur médecin de famille et bien d’autres pourraient le perdre dans les prochains mois, aggravant une situation déjà alarmante.

Un système déjà à bout de souffle

Monsieur le premier ministre, nos soins de santé reposent sur des bases fragiles. La Loi 2 met en péril un équilibre précaire, au moment même où la région tente de stabiliser et de renforcer son offre de services. Nos médecins sont sincèrement engagés envers la population. Leur motivation première n’est pas salariale : c’est le sentiment d’injustice, de coercition et de manque de respect qui choque aujourd’hui les professionnels qui maintiennent notre réseau debout.

« Au GMF de la Vallée-de-la-Gatineau, nous avons non seulement le départ de Dr Latulippe déjà annoncé, mais un sondage interne qui montre que 6 médecins supplémentaires sur 16 font déjà des démarches pour quitter leur pratique dans la région si la Loi 2 est appliquée à partir du 1er janvier 2026. C’est l’accès en première ligne qui risque de s’effondrer dans la Vallée-de-la-Gatineau. Nos médecins sont attachés à leur région et à la population. Leur désir premier est de continuer à pratiquer ici, mais ils ne sont pas prêts à travailler avec les conditions qui nous sont imposées avec la Loi 2. Il est minuit moins une, le gouvernement doit mettre cette loi sur pause », partage Dre Véronique Duplessis, médecin responsable du GMF de la Vallée-de-la-Gatineau.

Un exemple frappant : un projet porteur abandonné

Deux chirurgiens souhaitaient implanter à Maniwaki un service de chirurgie bariatrique, une première dans l’Outaouais. La Fondation Santé Vallée-de-la-Gatineau s’était engagée à financer l’ensemble des équipements nécessaires. Malgré des démarches répétées auprès du CISSS de l’Outaouais, du ministère de la Santé et de Santé Québec, l’absence de prise de décision claire a entraîné l’abandon du projet.

« À force d’attendre, nous avons perdu un des deux chirurgiens, parti exercer à Montréal. Une perte malheureuse, injustifiée pour un projet pourtant gagnant-gagnant pour notre
population », déplore Michel Gauthier.

Une MRC qui se mobilise

La préfète de la MRC de La Vallée-de-la-Gatineau, Chantal Lamarche, se joint aux préoccupations soulevées par la Fondation :

« Les régions rurales doivent être protégées, pas fragilisées davantage. La Vallée-de-la-Gatineau ne peut se permettre de perdre une clinique, ni de voir 1 400 citoyens privés de médecin. Nous demandons au gouvernement de faire preuve d’écoute et de sensibilité. Les décisions prises à Québec ont des conséquences bien réelles ici, sur le terrain, dans la vie de nos familles. »

Appel à l’action

Nous demandons au gouvernement du Québec de suspendre l’application de la Loi 2 dans les régions déjà vulnérables comme la nôtre et d’appuyer les recommandations en faveur d’un arbitrage non exécutoire. Monsieur le premier ministre, le 30 octobre dernier, vous affirmiez :
« Dans la vie, faut d’abord choisir sa famille. »

N’oubliez pas que nous faisons partie de la vôtre.

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